20 janvier 2012

Lumière ô lumière!

M.S :D’après Paul Valéry, la lumière naît d’un combat avec la nuit :
« … Mais rendre la lumière
suppose d’ombre une morne moitié ».
Un peu plus tôt Baudelaire, conscient de l’accélération du temps, pose la modernité comme un phénomène transitoire :
« La modernité c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. »
Cette tendance à la subjectivité, très présente dans la littérature, n’échappe pas à la peinture. Comment traduire la fugacité de la lumière dans un paysage, dans un portrait, dans une scène d’intérieur ou dans toute autre création? Ces explorations ne sont pas nouvelles. Au cours de l’histoire de l’art certains peintres les ont déjà poursuivies, peut-être instinctivement, mais il semble qu’aujourd’hui cette approche soit radicale et parfois hélas « systématisée ».


Pierre Sentenac, "Lumière du Lauraguais" , Encres/Arche


Après tes recherches picturales et tes années d’expériences, peux-tu expliquer cette problématique dans ta création et ton cheminement artistique ?

P.S : Très tôt enfant, j’ai été touché par certaines images qui véhiculaient en moi un sentiment très fort, différent de l’imagerie traditionnelle. Dans l’émotion qui m’étreignait, j’ai pris conscience que la découverte du clair-obscur fut pour moi une révélation essentielle : l’existence tangible de la dichotomie du jour et de la nuit, du chaud et du froid, de l’obscurité et de la lumière.
Ainsi dans les dessins à l’encre des scènes d’intérieur de Rembrandt, les personnages se détachent de l’ombre, nimbés par des rais de lumière qui leur donnent une vie mystérieuse. Rembrandt n’est-il pas l’interprète subtil de l’intériorité des êtres ? Ses visions m’ont permis de mieux appréhender certains peintres modernes qui, bien qu’abstraits, traduisent ce clair-obscur intériorisé.


Pierre Sentenac, "Chevelure", Encres/Arche 
                  

Si j’évoque le contraste entre le chaud et le froid, me vient à l’esprit la peinture de Georges de la Tour dont les scènes nocturnes à la bougie suggèrent le silence et la poésie.
Quant au Caravage il m’a révélé par des mises en scènes très contrastées les drames qui se jouent entre les forces obscures et une intense lumière qui saisit les personnages en présence, une sorte de transfiguration de lumière contre les ombres du mal !
Ces découvertes n’ont parfois rien à voir avec la chronologie de l’histoire, elles s’inscrivent simultanément dans ma mémoire et resurgissent parfois dans les étapes de ma création. Conscient que la lumière est une matière précieuse, durement gagnée, je me réfère souvent à Vermeer qui nous la présente subtilement comme une « perle », goutte de clarté dans une prison translucide.(Cf. son chef-d’œuvre « La perle »)

Mon attachement à l’impressionnisme, à des peintres tels : Corot, Turner, Monet s’explique avant tout par ma fascination pour le clair-obscur, mis en œuvre à travers les paysages et les variations atmosphériques au cours des heures, par un savant dosage de la lumière et des contrastes qui subliment la vie et les énergies de la nature.


Pierre Sentenac, "Forêt légendaire", Acryliques/Toile


Dialogue entre une poète et un peintre


Livre:
« Les Ephémères I » de Michèle Serre,
4gravures de Pierre Sentenac
est disponible aux éditions Le Bien-Vivre
Pour commander cet ouvrage contacter l'adresse mail: lbvmps@outlook.fr  
( Livres d’artiste de Collection, cousu main, couverture Moulin Laroque, papier moulin ou vergé:
tirages 100 exemplaires numérotés , prix:19Euros)


Complément:
 Dialogue entre Michèle Serre & Pierre Sentenac



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2 commentaires:

  1. Pierre Sentenac est un véritable créateur qui préfère l'ombre de l'authenticité à la lumière factice de l'officialité et de l'académisme contemporains qui se cachent sous le masque d'une modernité ennyueuse.

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