27 mars 2012

Lettre à Jacques Faujour

                                                                      photographe


 Jacques Faujour: « Chapeaux de sable » Photograhie de couverture

Votre livre est pour nous un vrai bonheur et une évocation attachante de ce qu’était la Méditerranée de notre enfance. Une nostalgie légère court dans ces pages. Respect et tendresse mais aussi pointes de taquinerie accompagnent vos photographies.

C’était aux alentours de 1998… retrouverions-nous aujourd’hui le même décor et le même type de personnages ? Question que nous nous sommes posée car, en Méditerranée, il y a longtemps que c’est terminé : décor bétonné, habitude vestimentaire dans l’air du temps, nudité physique complètement assumée…

Voilà nos premières interrogations et puis, charmés par la photo de la couverture, nous évoquons l’opposition entre l’immensité de la mer et les maigres silhouettes en mouvement, les rapprochant très vite des graffitis sur les parois du désert du Hoggar, empreintes qui nous ramènent à des temps immémoriaux.

Telle est la condition humaine perdue dans l’espace mais aussi dans le temps qui passe ! Le spectacle est réjouissant, les enfants avancent dans la mer avec témérité, les hommes sont plus circonspects, quant aux femmes aux tenues primesautières, à l’écart et résignées, elles observent le mouvement ! Ont-elles encore un rêve secret ?

Il y a une noblesse de la vie simple et familière qui ne se paye pas de mots, une vie cachée très belle et très émouvante. Les femmes regardent encore vers la mer alors que les hommes, bien à l’abri dans leur cabine, préfèrent lire, deviser ou dormir, et le dormeur solitaire, touchant par son abandon, semble s’éloigner de la réalité…

Comme le dit Boris Pasternak dans ses écrits : « Il y a une certaine immortalité dans toute chose, le miracle de la vie dans son intensité et dans sa plénitude… » et l’on sent très fort ce sentiment dans votre approche des êtres humains face au paysage grandiose qui les renvoie à leur vulnérabilité.

C’est la sieste, la pause, la vacance, les corps et les pieds en liberté sous le soleil d’été mais aussi une certaine profondeur qui voile la lumière des regards.
Michèle Serre


Livre :

« Chapeaux de sable » de Jacques Faujour et Anne Guillou
Présenté par René Le Bihan
aux éditions :La grange aux livres 1998
La conception et la mise en page de l’ouvrage (Format: 38X28 cm) ont été réalisées par :
Jean-Claude Faujour (peintre & professeur d'art plastique)


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19 mars 2012

Retour aux sources


Dans ces temps troublés par une grave crise économique, il est parfois vital de faire une pause et de retourner à nos « racines ».
Le livre de Jean-Luc Pouliquen « Un griot en Provence » aux éditions de l’Harmattan, nous y invite.

« Français, oui je l’étais depuis toujours, mais dessous, quelle identité perdue se défaisait dans mon errance ? »

C’est en Afrique et dans ses multiples pérégrinations que le poète a senti la nécessité intérieure de retrouver la Provence, l’ancrage dans « cette terre du premier regard » qui lui avait tant promis dans son enfance.
Retrouver l’authenticité des lieux, une mission quasi impossible !
Les paysages sont bouleversés par une industrialisation anarchique, mais sous l’écorce l’harmonie des couleurs s’offre à lui, le bleu si particulier du mariage de la mer et de la terre.

Un retour aux sources mais aussi un voyage initiatique où il découvre au fil des jours et de ses rencontres une langue, un art de vivre qui le comble et affine son désir d’être un messager _ pourquoi pas comme son ami africain Moussa qui lui a révélé « son chemin de lumière ! » _ un griot de Provence qui fait le lien entre le passé et la modernité.

« En dix ans, quelque chose s’est accompli qui fera, où que je sois, que je me sentirai toujours provençal. Je suis porteur de ce que j’ai vu s’épanouir sur le sol de Provence, de cet éclat si particulier, qui doit lui aussi briller dans la grande mosaïque universelle ».

Profession de foi d’un poète amoureux d’un pays et d’une civilisation !


Michèle Serre




 
« Un griot en Provence» de Jean-Luc Pouliquen
est en vente port compris au prix de: 11,50Euros







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6 mars 2012

Du renouveau de la musique baroque à la modernité



Les moyens techniques actuels ont ressuscité des formes musicales jusqu’alors réservées à des spécialistes.
Dans les années 70 radio France musique, par la voix de Jacques Merlet, présentait une émission sur la musique ancienne et baroque, permettant au grand public de découvrir certains instruments et formes musicales oubliés.
En même temps, certains musiciens et chanteurs défrichaient cette voie encore nouvelle pour les auditeurs. Nous pouvons citer Jordi Savall instrumentiste de viole de gambe et chef d’une formation musicale (Hespérion XX) avec Montserrat Figueras chanteuse soprano, John Eliot Gardiner, chef de chœur et d’orchestre et tant d’autres !
Dans cette atmosphère de renouveau, la diffusion du disque joua un rôle primordial. Récemment, l’émission de la télévision française « Empreintes » consacrée à William Christie nous révèle combien ces moyens de diffusion ouvrirent un champ musical inconnu avec le groupe des « Arts Florissants ».
Dans la ville de Buffalo aux USA un adolescent, passionné de musique est fasciné par les sonorités du clavecin jusqu’à transformer avec des punaises les touches du piano pour obtenir un ‘son métallique’ proche du clavecin. Dans ces mêmes années, il découvre l’œuvre du musicien français du XVIIème siècle, François Couperin, avec les « leçons des ténèbres » où la solennité des chœurs s’allie à la magie des voix d’une langue dont la syntaxe est en harmonie profonde avec le chant. C’est pour lui un choc déterminant ! Un peu plus tard, voulant échapper à l’enrôlement de la guerre du Vietnam, il décide de partir en France, pour entreprendre une carrière de claveciniste. Sa vocation le mènera ensuite à élaborer à travers l’étude des partitions et des manuscrits du XVIIème siècle un retour aux sources de la musique baroque. Cela passe par la découverte d’instruments anciens et de musiques restées dans l’ombre des bibliothèques : Opéras qu’il ressuscite dans des mises en scènes inspirées de l’époque classique.
Malgré des échecs et une grande solitude, ce spécialiste de la musique « Baroque » est l’exemple vivant que la modernité peut s’incarner dans des formes oubliées, dont la matérialité est transfigurée par une liberté de création et d’interprétation s’inscrivant dans les aspirations de la réalité actuelle.
Cette trajectoire n’est pas propre à la musique et se retrouve par exemple dans la peinture où nous mesurons combien la découverte des grottes de Lascaux a  généré des recherches picturales déterminantes pour certains créateurs, l’exemple du peintre Miro est révélateur de cette influence.
Il y a donc une « intemporalité » des œuvres d’art et ce que nous appelons modernité est le témoignage d’individualités qui se reconnaissent aussi dans l’approche d’autres civilisations et l’expriment avec leurs propres matériaux. Que serait devenu Picasso s’il n’avait découvert l’art nègre, véritable nourriture spirituelle pour son évolution et la fondation du cubisme ?
Il en est de même pour la poésie où la découverte des poètes anciens et des poètes étrangers a suscité des formes originales non encore épuisées. C’est l’exemple de St John Perse où le récitatif s’apparente parfois à une odyssée sur les éléments de l’univers. Par son chant incantatoire, il nous fait pénétrer dans les racines immémoriales du cosmos… c’est aussi René Char dont les aphorismes s’imprègnent de l’approche de la nature des poètes grecs anciens à travers les métaphores et les corrélations entre le temps et l’espace…

A chaque poète d’ouvrir sa route à travers l’obscurité des mots pour que l’œuvre vive dans un mouvement profond de création!

M&P S



Pierre Sentenac, "Mouvements"



Compléments :
Parmi les autres initiateurs & interprètes de premier plan qui ont contribué au renouveau de la musique ancienne (Ars Antiqua & Ars Nova), Renaissance et Baroque dès les années 1960 on peut citer :

Ars Antiqua : XII & XIIIème siècle
Pérotin  Organa « Viderunt omnes», « Sederunt principes»
Early music consort of London, Direction: David Munrow  disque ARCHIV 2723045
Deller consort & Collegium Aureum,  Direction : Alfred Deller  disque HM30823
Peter Abélard  Planctus David, Planctus Jephta, Hymnus
Studio der frühen musik, (Montserrat Figueras) Direction : Thomas Binkley  CD EMI Reflexe

Ars Nova : XIVème siècle
G.de MachautMesse Notre-Dame
Deller consort & Collegium Aureum,  Direction : Alfred Deller  disque HM opus6 
Ecole Franco-Flamande : XVème siècle
G. DufayMesse « Se la face ay pale »
Early music consort of London, Direction: David Munrow  disque EMI C069-05541  

La Renaissance : XV&XVIème siècle
M. Preatorius  E. Widmann J-H. Schein Danses
Collegium Terpsichore disque ARCHIV SAPM 198166      
L. Senfl « Carmen in ré, Bicinia… »
Ricercare ensemble für alte Musik, Zürich, Direction: Michel Piguet
( Jordi Savall_ viole de gambe, Wally Staempfli_soprano)  disque EMI C063-30104

Le Baroque : XVI&XVIIIème siècle
F.Couperin  Pièces de Violes 1728
( Jordi Savall _viole de gambe)   disque Astrée AS1_CM480
J-P Rameau  Les Boréades
Monteverdi Choir – English Baroque Soloists, Direction: John Eliot Gardiner
                 (Festival d’Aix en Provence 1983) disque Erato STU 715343
J-P Rameau  Anacréon
Ensemble vocal & instrumental « Les Arts Florissants »,
Direction: William Christie  disque HM 1090


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