Nouvelle
Quand les gens pensent aux années cinquante, ils imaginent - non sans une certaine nostalgie - des paysages de verdure et des petites maisons cachées dans la lumière des jardins. Or le petit garçon que je connaissais bien et qui se prénommait Ludovic ne vivait pas du tout dans ce décor de rêve. Oserais-je dire que c’était bien mieux !
Car Ludo, c’est ainsi que tout le quartier l’appelait, était un enfant des rues, non comme on l’entend aujourd’hui, avec en toile de fond la connotation de voyou, mais un garçon d’une dizaine d’années qui vivait à l’aise dans un quartier cosmopolite s’il en fût, où l’on ne parlait guère de ghetto et de racisme.
Dans la rue Llucia les petits commerçants étaient nombreux et tous familiers au garçonnet. C’était une rue passante et avant d’aboutir à la place Cassanyes très animée les jours de marché, Ludovic flânait devant les magasins qui attisaient sa gourmandise et, lorsqu’il passait devant la boulangerie la bonne odeur du pain émoustillait ses narines et creusait encore plus son estomac boulimique.
Pierre Sentenac Encres à la plume
En face de la boulangerie, une boutique exerçait sur lui une fascination dont il avait du mal à se départir. Très timide et rêveur, il n’avait jamais osé pousser la porte de ce magasin singulier, d’autant que la blouse blanche de monsieur Soler n’était pas faite pour le mettre à l’aise. Sur le chemin de l’école, il fallait se hâter et ce n’est qu’au retour qu’il pouvait s’octroyer une pause devant le magasin « Tout élec » qui représentait pour lui une véritable caverne d’Ali Baba …
Sa vitrine était somptueuse : tout étincelait, de l’écrin d’ébénisterie des postes de TSF dont l’œilleton vert se déplaçait sur l’écran avec les couleurs de l’arc-en-ciel jusqu’au nouveau transistor que l’on pouvait transporter partout, même en pique-nique au bord de la mer ou de la rivière.
Mais il y avait surtout des instruments de musique et, notamment, une batterie magique que le petit garçon contemplait avec admiration. Parfois, une musique américaine filtrait par la porte entrouverte…
Extraits de la note suspendue _ Michèle Serre
Extraits de la note suspendue _ Michèle Serre
« La note suspendue, Le silence de mort» 2 Nouvelles de Michèle Serre
2 illustrations de Pierre Sentenac
est disponible aux éditions Le Bien-Vivre
Pour commander cet ouvrage contacter l'adresse mail: lbvmps@outlook.fr
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( Livres d’artiste de Collection, fait main, couverture Moulin Laroque, papier moulin ou vergé:
tirages 100 exemplaires numérotés , prix:15Euros)
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