Dans l’œuvre poétique de Michelle Serre, le livre de
poésie intitulé :
« Les passeurs du temps », écrit en 1970, fut déterminant, dans son œuvre poétique.
Elle, donnait la parole ou la
plume, à des auteurs littéraires, retraçant les motivations profondes, d’un
titre ou d’une œuvre, sous forme de poèmes.
Dans cet ouvrage, deux
auteurs et un film, étaient rassemblés :
Boris Pasternak, René-Guy Cadou, ‘Zorba le grec’.
D’où l’idée de créer :
La Collection : « Passeurs du temps »
Sur des auteurs littéraires ou
des peintres,
(traduits poétiquement par
Michelle Serre)
qui comporte à ce jour 10 ouvrages.
I
"Nous avons oublié qu'il n'y a qu'une seule chose en notre pouvoir: ne pas défigurer la vie."
B. PASTERNAK
T
_ Souvenez-vous de moi
l'Etranger le poète
qui préféra l'angoisse
au sang chaud de la vie
qui n'oublia jamais
la caresse brutale
des voix de son pays...
Le printemps qui s'éveille
en fleurs épanouies
et l'hiver qui s'endort
en neiges étoilées...
_ Il me souvient de toi
mon frère le Poète!
I
Ma soeur la vie
Ma
soeur la vie
je
caresse ta main
sachant
que ton étreinte
est
brûlante d'amour...
Couché
dans les blés mûrs
j'ai
fait l'apprentissage
du
secret des saisons...
L'orage
m'a surpris
à
l'orée des grands bois
mais
l'eau m'a rafraîchi
et
le pain m'a nourri...
J'ai
servi mes amis
à
la table des dieux
le
toit de ma datcha
m'abrite
du grand froid
et
je crois que demain
est
plus fort qu'aujourd'hui
II
"Je pense à toi qui me liras dans une petite chambre de province..."
R-G. CADOU
Les biches se reposent
dans tes yeux de chardon
Caresses à la lande
tes pas d'enfant
errent près des marais...
Tes cheveux blonds
allument les osiers
et la table d'auberge
fiance le pain blanc
au pur cadeau de l'amitié.
1
X 3
2+
Le père écrit
le silence des chiffres
sur le lourd tableau noir...
La mère tient l'ouvrage
derrière les carreaux de la
maison fermée...
Sur
la rampe en bois lisse
un
petit cavalier
part
pour de grands voyages...
Le
moulin de ses rêves
tourne
dans un bourdonnement
d'abeilles
un peu folles...
Demain il faudra se poser
dans l'amer des saisons
et replier ses ailes
au coeur des solitudes.
III
"Le jour se levait sur le Pirée quand je le vis pour la première fois..."
N. KAZANTZAKIS
La danse de Zorba
"Quand
j'ai le coeur trop plein
je
danse"
Impétueux oiseau de proie
Zorba s'élance sur les galets
Replie
ses longues jambes
vastes
nageoires
ombreuses
et mouvantes...
Silence est la danse
qui secoue son corps...
Oh! la terrible envie de
faire halte
et de pleurer...
Mais le souffle coupé
je
suis le mouvement
impuissant
à ramer vers la réalité
j'atteins
le coeur de mon enfance
et
la présence palpitante des vrais mots!
Grand oiseau de minuit
Zorba crève l'espace
me laissant seul au bord du large...
Dame Hortense
Grand
prince travesti
il
fait la révérence
à
une dame Hortense
émue
et frétillante...
Là-bas,
sous les figuiers
les
enfants rient et gloussent...
La scène est pittoresque
et
sur la treille en fleurs
le
perroquet se tait d'étonnement
et
d'émotion...
Passaient les mois et les années
et
jamais visiteurs ne franchissaient le seuil
de
l'auberge élimée...
Repas, festivités, flambeaux de chants
et
de couleurs...
Nous sommes des explorateurs du passé
qui
ressuscitent en un clin d'oeil
la
jeune Hortense qui chantait...
La
vie est soudain un théâtre
où
nous jouons avec ivresse
tous
les vieux rôles oubliés!