En contemplant les Kakis de Mou-k’i (1180-1250) nous mesurons l’étrange voyage de plusieurs siècles que ce
rouleau chinois a dû poursuivre pour nous rejoindre dans la profondeur de son
mystère. Mystère de ce personnage dont nous ne savons pas grand-chose sinon
qu’il a peint au moment de la dynastie Tch’an au
XIIème siècle, en dehors des Académies et de la Cour (moine retiré dans un Temple) et ses Kakis
sont un exemple unique dans la peinture chinoise.
Le sujet n’est rien sinon quelques Kakis en lévitation dans
l’espace, formes cernées d’un trait rigoureux mais non dénué de spontanéité,
quatre de couleur noire et deux de couleur blanche, le jeu du vide et du plein
dans un espace illimité…
En somme une œuvre austère presque ascétique si nous
n’étions conquis par une impression de légèreté et de fraîcheur… créée par une
illumination subite et une impulsion gestuelle venue du plus profond de sa
méditation.
Impression de plénitude à laquelle le spectateur ne peut
échapper…
Ce monochrome à l’encre noire est peint en traits sûrs,
visant à l’essentiel :
Un lyrisme épuré qui nous touche profondément.
Les peintres impressionnistes ne s’y sont pas trompés
notamment le peintre Edouard
Manet dans ses
merveilleuses natures mortes !
Mais quel besoin de silence et d’une vraie simplicité de vie
pour atteindre une telle vérité du regard !
Aujourd’hui la poésie requiert le même silence intérieur et
ses dispositions d’intimité avec soi et la nature dans toutes ses métamorphoses
ne sont guère prisées.
« … et nous cherchons les empreintes des mots
sur la cassure fraîche
du silence… »
A ce propos Marie
Noël écrivait déjà au
XXème siècle :
« Donne de quoi chanter
à moi, pauvre poète,
pour les gens pressés qui
vont, viennent et vont,
et qui n’ont pas le temps
d’entrer dans leur tête
les airs que la vie et la
mort y font…
Rien, pas même de quoi
remplir un dé à coudre…
Pourtant de quoi remplir
le monde par surcroît. »
Ecouter librement sa musique intérieure et la transmettre en
toute vérité telle est la mission des artistes, des poètes et ils ont été
nombreux à nous précéder.
M.S
Pierre Sentenac: "hommage à Mou-k'i"
Technique mixte encres & acryliques/ papier Avril 1988
Oeuvre en référence:
L'oeuvre reproduite ci-dessus fait partie (d'une série d'oeuvres réalisées en 1988)
celle-ci peut-être acquise en contactant l'adresse mail:
lbvmps@outlook.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire