16 novembre 2014

La Beauté est une promesse…


Au fond du cœur de chacun existe un espoir conscient ou inconscient d’un autre monde : la nostalgie d’un Royaume qui nous comblerait ne serait-ce qu’un instant.

Enfant, ce sont les contes qui nous font pénétrer dans ces chemins obscurs, à la fois étranges et merveilleux… mais plus tard tomberons-nous dans l’indifférence et l’oubli de cet état d’âme prodigieux qui nous faisait trembler d’un plaisir absolu ?
Aujourd’hui adolescent, il écoute à la radio la 39ème symphonie de Mozart se laissant bercer dans la rêverie des sons qui l’entraînent bien loin du quotidien…
Distrait, il se remémore ces moments de grâce où le vent des histoires, à la fois charmeuses et maléfiques, le propulsait vers ces pays mystérieux. Et soudain, quelle étrange fascination l’étreint tout entier faisant surgir en lui des sentiments inconnus : un rêve à portée de soi qu’il n’espérait plus et qui le bouleverse par surprise !
Un autre monde s’ouvre à lui… et il ne l’oubliera plus, empruntant de longues traversées dans ce XVIIIème siècle« Les rêveries du promeneur solitaire » de Rousseau l’accompagnent sur les sentiers de la nature et de la création picturale qu’il découvre avec délectation…
Désormais il en est sûr, la Beauté guidera sa vie malgré les moments chaotiques de son existence, une liberté qu’il s’octroie une fois pour toutes !
Source de valeurs et de sens, elle abolit les frontières et lève le voile sur d’autres modes de vie, d’autres civilisations, d’autres formes artistiques qui le régénèrent !
La contemplation de la nature, de ses métamorphoses crée en lui un profond désir d’apaisement, de réconciliation avec soi qui éclaire sa route même si parfois des forces obscures l’entravent dans ses rets de ténèbres. Dans ces moments-là, il lui est salutaire de méditer le message extraordinaire de Rembrandt dans « Le fils prodigue », un de ses derniers tableaux conservé précieusement jusqu’à sa mort, œuvre testamentaire reflet de sa longue vie, d’abord radieuse et épanouie (avec sa première femme Saskia) dans une réussite professionnelle hors-normes puis des épreuves successives qui l’ont entraîné inexorablement vers les échecs, la disgrâce, les deuils successifs et la déchéance.

Enfant, le regard grave de sa Mère qu’il a toujours vénérée se penchait sur lui et la lecture de la Bible à ses enfants hantait ses plus beaux rêves...
Passeur du temps, Rembrandt dans sa vieillesse misérable n’a pas oublié la parabole du Fils prodigue, porteuse d’espérance.
Il en est sûr, le Père est toujours là avec ses mains qui brillent dans la nuit, ses mains de lumière qui nous guérissent des déchirements et des blessures de l’existence.

Michèle Serre



Pierre Sentenac Encres/bristol (Détail)-02/2007












Livre:

Ce texte fait référence au livre de Michèle Serre
"Rembrandt Au bord du rhin" paru en 2006
illustrations de Pierre Sentenac
est disponible sur commande aux éditions Le Bien-Vivre:  (mail: lbvmps@outlook.fr )

( Livres d’artiste de Collection, cousu main, couverture Moulin Laroque, papier moulin ou vergé:
tirages 100 exemplaires numérotés, prix: 19Euros )