Par Laure Dino- Novembre 2012
Encre
"Matière vivante, magique, par la fraîcheur de l'expression..." Pierre Sentenac, ne cherche t-il pas dans l'encre cette ‘alchimique teinture’ au sens de Gaston Bachelard, l'élixir du corps lumineux, à l'état de pureté originelle, enfantine. Si la peinture demeure opaque, l'encre peut se résoudre en eau-de-vie, grâce à sa fluidité, son intensité, parfois son indélébilité. Eau teignante, qui absorbe les fibres du buvard, de tous les tissus du peintre, qui baigne alors dans la rêverie, transparente et lumineuse. Il nous dit que tout est d'encre.
Irisation : Bleuissement
Irisation : Bleuissement
Le peintre a le pouvoir de retoucher la réalité, en y apposant des couches de peinture, ou des coups de pinceaux, et il peut décider d'iriser, nacrer, ‘arc en ciel liser’ ce qu'il veut. Ajouter des ‘grains de lumière’, comme Vermeer de Delft, créer sa couleur, certainement plus chargée de lumière, luminescente, fluorescente, le ‘Bleu Sentenac’. Revenir à l'Enfance de l'encre de Chine, des écoliers, jouer à peindre, mais jouer profondément... Et la fragile cabane de l'ermite, des thèmes chinois, devient la maison du bleu quand le peintre, renverse l'encrier.
Comme un arc-en-ciel survient d'un coup dans le paysage, ‘Irisation’ semble exécutée d'un trait. En réalité, elle l'est d'un geste. Peindre le geste de peindre, dans son essence profonde, son enfance, lui et sa palette de bleus, s'encrer sur sa toile. Offrir sa main de peintre, l'empreinte de l'amour de l'art, c'est le véritable sceau de l'artiste… que l'on imagine à travers sa technique picturale.
La peinture du ‘rêveur d'écriture’ : un mélange d'essences, un brassage, une mer qui avec des vagues, s'enroule, revient, repart vers le ciel. Une écriture doucement éclatante, à la lisière de l'écriture et de la peinture, comme de l'encre sur soie...
Voiles :Ombres de l'amour parfait
Pierre Sentenac "Irisation-02/05" Encres/Arche
Voiles :Ombres de l'amour parfait
Bleu et rose. Masculin et féminin. Parfaite harmonie. Egalité karmique. Figure céleste. Une "Ovaline".
Peut-être pure vision, du couple parfait où même l'ombre se dore.
Deux voiles ou plutôt voilages de couleurs, de deux corps évanescents qui se frôlent, se croisent, s'attachent délicatement -sans s'altérer ni se recouvrir- comme des rubans.
Pierre Sentenac a trouvé avec Laure Dino, une critique d'art à la hauteur de son œuvre.
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